Le projet en deux mots

La base de données de la BAT est outil incontournable pour étudier la diffusion des idées sur le monde gréco-romain dans l’Europe des XVIIIe et XIXe siècles. Aucune bibliothèque ne dispose actuellement d'une collection complète des traductions de livres d’érudition classique publiés, entre la Glorieuse Révolution et la Belle époque, dans les différentes langues européennes – par exemple les traductions dans les différentes langues européennes de l’emblématique History of the Decline and Fall of the Roman Empire de Gibbon. Notre collection de données commence au début du 18e siècle, dans la mesure où l’abandon du latin comme lingua franca de la République des Lettres et la montée  consécutive des langues vernaculaires ont fait de la traduction le principal moyen de circulation du savoir classique en Europe. Dans Le monde comme volonté et comme représentation (1819), Arthur Schopenhauer écrivait ceci: « Le latin a cessé d'être la langue de toutes les recherches scientifiques, et cela est regrettable, car l'Europe ne possède maintenant que des littératures scientifiques nationales et non plus une littérature scientifique commune, et de la sorte chaque savant ne s'adresse plus qu'à un public restreint, soumis à toutes les petitesses et à tous les préjugés nationaux ».

Si au XIXe siècle le particularisme national se substitue à l’universalisme de l’âge classique, la transmission des savoirs ne peut cependant être conçu indépendamment du transfert et de l’échange entre les cultures nationales. L’Antiquité est ainsi appelée à participer d’un jeu cosmopolite qui met en contact les lectures de la Grèce et de Rome en fonction des spécificités linguistique et des traditions nationales.

D’où, l’intérêt d’étudier la réception classique à travers une perspective transnationale et interdisciplinaire qui privilégie les dynamiques culturelles de transfert et de traduction.

Objectifs 2022-2027

Dans le cadre du partenariat avec l’EfA, désormais élargi grâce à la mise en réseau avec la Villa Medicis et la Casa Velasquez nous souhaiterions :

(1) enrichir la base de données pour qu'elle puisse devenir une encyclopédie numérique à part entière,  accessible non seulement aux chercheurs spécialisé mais également  à un public plus large .

La réalisation de cet objectif implique :

a.d’étendre le contenu de la base dans l’ensemble des langues européennes à commencer par l’italien et l’espagnol. Ce travail sera mené, dans un premier temps, à partir des œuvres comprises dans la collection existante. Sa réalisation permettra  de reconstituer pleinement les réseaux de diffusion du savoir classique  au niveau européen.

b.le nettoyage et la restructuration du contenu de la base afin de pouvoir y intégrer des visualisations interactives propres aux Humanités Digitales.

(2) de contribuer au développement des études de réception classique à travers une équipe  interdisciplinaire et transnationale et des publications individuelles et collectives


 

Domaines d’études: histoire des idées, historiographie, études de réception, transferts culturels, histoire croisée, histoire de l'érudition classique, traductologie, histoire des éditions, humanités numériques.

 

 

Historique

C’est dans un minuscule bureau sous les toits du Classics Center d’Oxford que le projet a été lancé originellement, par Oswyn Murray et Chryssanthi Avlami. Les initiales du projet (et la proximité des combles sans doute) nous ont amené à chercher son logo dans Le règne animal distribué d’après son organisation (1817) de George Cuvier et de retenir parmi un grand nombre d’espèces de chauves-souris, celle qui devait son nom à la fois au grec et au latin, la  glossophaga ecaudala.

L’équipe s’est rapidement élargie, grâce à  la participation de Suzanne Stark, ce qui nous a permis de nous concentrer, dans un premier temps, sur la diffusion du savoir classique entre la France, l’Angleterre et  l’Allemagne. Le projet a été transféré au centre de recherches ANHIMA, son actuel lieu d’accueil.  En même temps, les premières journées d’études organisés autour du projet ont abouti à deux colloques internationaux, tenus respectivement à Rome et à Madrid,  grâce à la collaboration d’une part avec  Thomas Spaëth, Barbara von Reibniz et Stephan Rebenich et, d’autre part avec Mirella Romero et Jaime Alvar  (voir la rubrique Publications).

Le partenariat avec l’Ecole française d’Athènes (2018-2021) et un financement de la fondation Onassis nous ont permis de mettre en ligne la base de données  du projet, initialement conçue par la Dr Sarah Cohen, et de recruter Nikos Kokkomelis qui a ajouté, à l’aide de Kondylenia Belitsou, les entrées en grec moderne. Une vacation accordée par le Centre ANHIMA à Dimitra Mastoraki  a rendu possible la vérification  des titres existants.  Ce travail a été accompagné par l’organisation d’un colloque à Athènes  sur Les Antiquités multiples de la Grèce moderne. Un volume bilingue (français, anglais) est en cours de publication aux éditions de l’EfA.

 

 


 

"La Bibliotheca Academica Translationum

réunit des spécialistes de l'Europe moderne et contemporaine et des spécialistes de l'Antiquité"